Débat en ligne

Le dernier article de Jean-Pierre April, Ma SF est-elle de la science-fiction?, suscite depuis sa parution dans Brins d'éternité 28 plusieurs réactions sur la blogosphère.

L'équipe de Brins d'éternité vous offre ici un espace pour discuter de la question. Il va sans dire que les contributions doivent se faire dans la joie et le respect mutuel (en d'autres mots, les commentaires jugés déplacés seront effacés).

Quelques discussions ont commencé ici et (sans chercher à faire de liste exhaustive).

Voilà donc. La parole est à vous. D'accord, pas d'accord? Pertinent, insipide? À vous de vous exprimer!

17 commentaires:

  1. Comme j'ai écrit à Jean-Pierre dans un courriel, je réserve un commentaire plus en profondeur lorsque l'essai aura été publié au complet, soit après Brins 29.

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  2. Pour une raison inconnue, le liens vers le blogue de Richard, semble mort...

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  3. Richard : D'accord, mais on veut t'entendre haut et fort à ce moment-là :)

    Alamo : C'est corrigé !


    J'irai de mes commentaires personnels sous peu.

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  4. Je me suis permis de live-tweeter ma lecture de l'essai. Disons que je n'ai pas été convaincu par les propos émis dans l'essai. J'ai bien hâte de lire la deuxième partie, pour voir dans quelle direction se dirigera l'argumentaire.

    http://www.twitter.com/alduc

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  5. Bon, avec un article intitulé "Ma SF" on était prevenu, c'est nombriliste à souhait, et déjà rien que ça, ça fait grincer des dents. Est-ce un effort d'auto-promotion?? La question est légitime.

    Mais ce n'est pas ça qui m'a le plus gêné. Cet auteur, autoproclamé de SF, ne semble pas aimer la science, c'est ça le problème. Ce qui est bien dommage, car dans la science fiction c'est quand même de la fiction à travers... la science! Sans même parler de "Hard SF", il faut au moins une base scientifique, sinon on est dans le fantastique, ou le thriller Hi-tech, ou autre.

    L'auteur se targue de coller au réèl, au présent, alors qu'il est évident que le présent l'a dépassé depuis bien longtemps! Enfin quoi, on parle de nos jours de téléportation quantique, on fabrique des bactéries qui mangent du CO2 et qui recrachent du pétrole (sisi, vérifiez), certain physiciens sérieux pensent que l'univers est un hologramme, d'autres nous assurent qu'on est à deux décennies, à peine, des IA. Les astrophysiciens sont branché en permanence sur le télescope Kepler, qui n'a de cesse de découvrir des nouvelles splanètes extra-solaires, et on notera en passant que 2 robots se baladent encore, 5 ans après, sur la planète Mars et envoient encore des images sur terre. On passe sur le fait que notre planète entière est hyper-connectée sur des réeseaux sociaux géants et que les ordinateurs tiennent de nos jours dans nos poches (sans parler des interfaces cerveau-machine, voir la companie Américaine Emotiv).

    Pas de fiction là-dedans, juste de la science et de la technologie.

    L'auteur de SF doit embrassser tout ça, l'intégrer et de se projeter dans l'avenir. Comment sera le monde dans 10, 50 ou 1000 ans s'il est comme ça maintenaint, hein?

    Et dans son exemple de nouvelle, où des enfants issus d'inséminations artificielles se font présenter des comédiens en guise de père, je suis désolé, mais elle est où la SF là-dedans? Dans la technique éculée des bébés éprouvettes???? On ne peut rien faire de mieux en 2011, en SF, que l'insémination artificielle?? On se fout de notre gueule là!

    Non, il me semble que l'auteur, à l'instar de son discours, est resté coincé quelque part entre 1975 et 1986. Pour écrire de la SF, il faut d'abord commencer par s'interesser à la science, ce que semble ennuyer l'auteur au plus haut point.

    Et pour couronner le tout, je ne sais pas ce qu'il lit en SF, mais les oeuvres qui mettent en lumières les problématiques du monde actuel pullulent. Il n'a qu'a aller revoir "Avatar" tiens, pour ne citer qu'un blockbuster.

    Un article vraiment inutile et même énervant. Fallait que ça sorte, désolé.

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  6. Alexandre:
    Une correction, tout de même. Jean-Pierre April ne s'est pas "autoproclamé" auteur de SF. Pendant les années 80 et début 90 (je simplifie) il était considéré par le milieu et la critique comme un des auteurs importants de la SFQ. Son roman _Berlin-Bangkok_, pour ne citer que ce titre, a été republié chez J'ai lu. Il est mal connu de la nouvelle génération dont tu fais partie car il a cessé de publier pendant 11 ans (1995 à 2006). Depuis son retour, il publie chez XYZ des oeuvres pas toujours classifiables comme de la SF et n'est pas présent aux Boréals et autres activités du milieu.

    Joël Champetier

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  7. Merci Monsieur Babeanu,

    Ça éclaire un peu ma lanterne, enfin ! N'étant pas abonné à Brins d'Éternité, je n'ai pas encore eu l'occasion de lire le texte en question et votre compte-rendu est très intéressant, mis-à-part les commentaires inutiles sur la personne de l'auteur. Tirer sur le messager, comme plusieurs le font depuis quelques jours ça n'apporte absolument rien au débat, même que ça énerve !

    Franchement, c'est rien que pour ça que presque tout le monde dans le tout petit microcosme de la SFFQ, à commencer par Monsieur Tremblay sur son blogue L'ermite de Rigaud, déchire sa chemise ?

    Merci, ça faisait un bout de temps que j'avais ri comme ça...

    You make my day !

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  8. Moi je trouve que l'article est bien, parce qu'il nous montre d'anciens écrivains de science-fiction que nous ne connaissons pas nécessairement et aussi parce que ce genre d'écrit - plutôt pointu - est rarissime dans des fanzines/prozines. Je trouve que l'équipe de Brins d'Éternité a eu la bonne idée de l'intégrer dans son ouvrage!

    Pour ce qui est s'il est actuel ou non, ça, c'est une autre histoire. Mais ne vaut-il pas mieux se nourrir de ce qui a déjà été fait, en premier lieu, pour bien comprendre où en est rendue la SF contemporaine; comprendre d'où elle est partie, comment elle s'est développée et combien elle continue à évoluer?

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  9. Jean-Pierre April14 février, 2011 07:14

    Cher Monsieur Babeanu,

    Merci pour vos réactions (du 9 février ), votre incompréhension m’a incité à faire un effort pour devenir plus compréhensible. Vous m’inspirez un bout de texte que j’aimerais éventuellement ajouter au second volet de mon essai. Au risque de vous paraître prétentieux, voici ce que ça pourrait donner :


    Certains écrivains de science-fiction pure et dure semblent plus intéressés par la prospective que par la littérature. La SF du passé le prouve, plus ils spéculent à long terme, plus ils se trompent. Peu importe, diront les mordus, ce qui compte, c’est la réaction de l’être humain face à la nouveauté, à l’étrangeté, à l’altérité, n’est-ce pas? Tout à fait d’accord. Mais pourquoi s’intéresser seulement à l’être humain hypothétique d’un avenir lointain? Pourquoi pas l’être humain réel et contemporain, quotidiennement confronté à la nouveauté? Plus besoin de décoller dans un futur de rêve pour voir comment l’humain réagit à la nouveauté, on n’a qu’à regarder le monde changer à une vitesse vertigineuse.

    À la télé, on voit le monde arabe en ébullition; y a-t-il un écrivain de SFQ qui a vu venir cette mutation sociale? Y a-t-il au moins un personnage musulman dans la SFQ? Un méchant terroriste, peut-être? Et au sujet de l’alliance entre la Chine et la Russie, voit-on ce qui s’en vient, qui prochainement va modifier notre avenir? C’est ce devenir actuel que pourrait explorer une SF branchée sur l’altermondialisme.

    Le devenir, c’est réel; c’est l’avenir en action dans le présent. La vieille SF regardait l’avenir; la nouvelle SF s’intéresse au devenir.

    Bien sûr, je parle d’une SF… à venir ! Ce n’est peut-être qu’un fantasme futurible. Mais les écrivains de science-fiction ne doivent pas seulement élaborer des univers imaginaires, ne doivent-ils pas aussi imaginer aujourd’hui une littérature du futur?

    (p.s. - Si je fais des erreurs, on me corrigera, et je pourrai modifier mon texte. Il me semble qu’un forum de discussion pourrait servir à ça : tester une idée risquée.)

    JPA

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  10. AH, je viens de découvrir toutes ces réponses, avec un peu de retard...

    Monsieur April, tout d'abord, c'est vrai que je ne connais pas vos œuvres, Joël le souligne. Je tâcherai de réparer cette lacune, maintenaient que je suis intrigué...

    A relire aujourd’hui mon commentaire du 9 Février, je me dis qu'on ne devrait pas écrire "à chaud", mais plutôt laisser murir nos réactions. Désolé pour les mots un peu durs, si je persiste dans le fond, la forme laisse à désirer (et certaines phrases auraient pu être évitées)...

    A la lueur de votre réponse ci-dessus, je me demande maintenant si on parle bien de la même chose... Qu'entendez-vous par "Science Fiction"?

    Je suis d'accord avec vous pour dire que le monde actuel est très intéressant et que s'interroger sur son *devenir* peut mener à des réflexions très pertinentes...Cependant, dans "Science Fiction", il y a quand même le mot "science". Ce que vous décrivez me semble relever plutôt de la "politique fiction", de "l'anticipation" ou peut-être simplement de l'"espionnage". Je n'ai absolument rien contre ces genres, au contraire. Il me vient par exemple à l'esprit la série des "Gestionnaires de l'apocalypse", de Jean-Jacques Pelletier, qui me semble relever de ce que vous décrivez (ou est-ce que je me trompe?)... Cela dit, est-ce de la science-fiction? Je ne crois pas. Notez à nouveau que ce n'est pas un jugement de valeur, mais simplement de catégorie.

    Car, enfin, le monde n’a (malheureusement) pas juste des problèmes religieux ou politiques. Il fait aussi face à deux crises majeures : énergétique et écologique. Et ces thèmes là relèvent très fortement de la science. Vous noterez ainsi qu’il y a beaucoup d’auteurs de « vraie » SF (à mon sens, hein, ce sont ces auteurs qui parlent de science) actuels qui ont intégré ces problèmes et qui les ont exprimés dans leurs œuvres. C’est sur ces thèmes là que l’auteur de SF peut avoir un impact. Les aspects dont vous parlez, s’ils sont non moins importants, relèvent pourtant à mon avis d’un autre genre littéraire. Ces thèmes là sont forcément moins dans le « collimateur » de la SF, donc.

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  11. JPA fut certes jadis un auteur de SF, ce dont il s'est désintéressé ensuite. Pour ma part j'ai trouvé cet article simplement hors-sujet, ou mal intitulé. J'ai eu l'impression de lire un long "prière d'insérer".

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  12. Jean-Pierre lance des questions auxquelles il ne connaît pas les réponses. C'est tout le problème de son essai : il projette sur la science-fiction actuelle ou récente des impressions glanées il y a parfois vingt ou trente ans. Du coup, les conclusions ne sont pas convaincantes.

    En guise d'exemple, je prends sa question sur la présence de personnages musulmans dans la SFCF. Tiens, si je me penche sur mon oeuvre (une démarche à laquelle il ne peut s'objecter), je trouve un personnage dénommé Fatima dans « Les derniers lecteurs » (_Escales 2001_, Fleuve Noir), des personnages appelés Ahmed et Fahrid dans mon roman pour jeunes _Un été à Nigelle_, un ensemble de pirates maghrébins dans la nouvelle « Les galions de la mer de sable » (dans le recueil _Les Marées à venir_)... et je ne citerai ni ma nouvelle « Remember, the Dead Say » (1992) ni ma nouvelle « Ailes d'acier, griffes de lumière » (2004) (qui cite Avicenne en exergue et présente des idées soufistes), lesquelles se déroulent dans des contextes où les musulmans pèsent sur l'histoire du monde. Pas plus que ma nouvelle « Monde retapé : A vendre » (1988) où un personnage est un immigrant clandestin d'origine franco-arabe. Sont-ils musulmans? Ma foi, j'invite les esprits curieux à lire les textes en question...

    La Chine? Voir ma nouvelle « La goutte d'eau », d'abord parue dans _Brins d'éternité_ 10.

    La Chine et la Russie? Euh, c'est sérieux comme question? On se croirait revenu aux bons vieux fantasmes du début des années 60 quant au pacte sino-soviétique.

    Bref, il est difficile d'engager la discussion avec un interlocuteur qui construit plus ou moins de toutes pièces la réalité qu'il veut critiquer. En rhétorique, c'est ce qu'on appelle la stratégie de l'épouvantail : c'est très facile d'avoir raison d'un épouvantail qu'on a soi-même fabriqué. Mais cela ne veut pas dire que l'épouvantail corresponde à quelque chosee de réel.

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  13. Salut Jean-Louis,

    Eh bien, voilà qui répond à ma question ! Si je la posais, c’était pour avoir une réponse. Non?

    À part quelques romans et nouvelles de SF, surtout dans Brins d’Éternité et dans Solaris, je lis systématiquement tous les commentaires et critiques dans les blogs et les revues que je consulte régulièrement, et jamais je n’y ai vu une allusion à une thématique arabe ou à des Musulmans qui auraient eu un rôle important dans un texte de SF ou de fantastique.

    Si c’est présent dans ton œuvre, et dans d’autres sans doute (et dans une de mes nouvelles, je me souviens!), pourquoi dans les commentaires et critiques on met toujours l’accent sur autre chose qui est purement SF ou fantastique? Serait-ce parce que les personnages ou les problème des Musulmans sont secondaires dans ces œuvres, ou secondaires aux yeux des critiques de la SF?

    Enfin, tes personnages annonceraient-ils la révolte actuelle que j’évoquais? C’est ça le sens de ma question, si tu la remets dans le contexte.

    Comme je ne suis pas un lecteur spécialisé de la totalité de la SF actuelle, ai-je le droit de poser des questions, bien humblement?

    Merci pour tes commentaires, je vais sans doute reformuler la question autrement dans la version finale.

    Vitement formulée dans un blog, ma question avait un côté malhabile et provocateur que tu as saisi pour ne pas répondre à la vraie question, que je tenterai de mieux formuler. Et si je demandais plutôt : En SF, les rares personnages de Musulmans sont-ils de simples figurants, ou des porteurs du devenir extraordinaire que nous voyons en ce moment?

    (Ça peut aussi servir à ça, un blog : poser des questions. Pas seulement à s’imaginer des épouvantails.)

    *

    Enfin, je réagis à quelques pointes humoristiques :

    Pour la NOUVELLE alliance stratégique entre la Chine et la Russie, c’est assez peu connu, c’est même plutôt secret, mais déjà on voit de nouveaux flux migratoires des Chinois vers la Russie, en échange de…devine ? (Je te croyais mieux informer!).

    C’est vrai, je lance des questions à partir de mon expérience des années 80. Pendant les années 90, j’ai complètement cessé de lire de la SF parce que je ne voyais plus aucun renouvellement, (même pas dans mes textes! C’est ce qui m’a amené à cesser d’écrire de la SF : parce que je ne voulais pas me répéter, ou rester coincé dans le même cadre générique.) Je reviens à la SF peu à peu, parce que je commence à dénicher du neuf dans la nouvelle génération. Même que ça m’inspire!

    • Cette nouvelle SFQ naissante (que tu sembles ignorer) n’a rien à voir avec la SF scientifique que tu pratiques souvent, ou qu’Alexandre Babeanu espère renouveler en traitant des enjeux énergétiques actuels ; mais ce genre de SF s’adresse à un public tellement spécialisé… D’après les critiques que je lis, dont souvent les tiennes (ça peut bien servir à ça, non?), la pure et dure science-fiction, loin de rappeler la SF flyée ou conscientisée des années 70-80, nous ramène à la science-fiction traditionnelle de grand-papa Asimov, sinon aux objectifs de Gernsback, qui lança Amazing Stories en 1926.

    Dans les années 80, la SF était branchée sur le présent ou sur le futur proche; j’ai l’impression que la SF actuelle est également branchée sur le présent, mais on aura compris que ce n’est pas du tout le même présent, j’espère!

    Et avant de juger (ou de préjuger) de ma conclusion, tu pourrais peut-être attendre de la lire -- au lieu d’agiter un épouvantail…

    Ciao!

    JP A+

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  14. Je n'ai pas lu l'article de J. P. April "Ma SF est-elle de la science-fiction" dans le numéro 28 tout simplement parce que dans la ville de province où j'habite en France on ne trouve pas "Brins d'Éternité", et que, je viens de le constater, l'obtenir n'est pas facile. Mais je suis abonné à la liste de discussion SFFranco, et mon attention a été attirée par un message de J.L. Trudel faisant une recension de ce numéro et traitant, assez longuement, de l'article de J.P.A. Je ne désespère pas d'arriver à lire cet article, ainsi que, si j'ai bien compris, sa deuxième partie.
    Mais ce qu'en dit JLT a éveillé mon attention, car j'ai cru comprendre que le texte en question portait, au moins en partie, sur des sujets qui ont fait l'objet de ma part d'un article paru dans le numéro 11 la revue "Fiction" aux Moutons électriques (septembre 2010, p. 143-150), intitulé "En être ou pas".
    Pour résumer, j'y tentais, d'ailleurs sans grand succès, de trouver une explication à l'existence, autour de la science-fiction, d'un phénomène social étonnant et unique, appelé fandom, tout en estimant que la SF dépassait largement le domaine trop restreint défini par ce milieu.
    Par ailleurs, dans le débat de ce forum, Alexandre Babeanu écrit :
    "Cet auteur, autoproclamé de SF, ne semble pas aimer la science, c'est ça le problème. Ce qui est bien dommage, car dans la science fiction c'est quand même de la fiction à travers... la science!"
    Il écrit aussi :
    "... il y a beaucoup d’auteurs de « vraie » SF (à mon sens, hein, ce sont ces auteurs qui parlent de science)"
    Je suis en profond désaccord assez ces deux assertions, et je crois qu'une bonne partie de la SF, et pas la moins négligeable, n'a pas grand chose à faire avec la science...
    S'accrocher à l'étymologie pour survaloriser le mot "science" dans le terme "science-fiction", reviendrait à évacuer du corpus des oeuvres comme "Dune" ou "La Main gauche de la nuit", et au contraire à y faire entrer de force des oeuvres comme les romans de Denis Guedj, pour ne prendre que ces exemples.
    L'école Gernsbackienne, qui a d'autres mérites, a inventé ce terme bien trop restrictif par rapport à ce que recouvre le genre et qui, je crois, lui a fait beaucoup de tort.
    JJR

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  15. C'est amusant cet éternel débat entre la SF à responsabilité prospective et la SF divertissement. Je n'ai pas de réponse, mais je suis curieux de savoir pourquoi un auteur SF devrait davantage soulever des questions d'actualité qu'un auteur, disons, fantasy ? Le genre implique une responsabilité ?

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  16. Jean-Pierre April18 mars, 2011 08:42

    Un membre d’un fil de discussion sur la SF francophone, SFFRANCO, m’a fait parvenir un extrait de la critique que fait Jean-Louis Trudel du récent numéro de Brins d’éternité. Cet extrait concerne mon essai et contient plusieurs erreurs. Pour le bénéfice des lecteurs qui suivent la discussion sur ce blogue, voici l’extrait de Trudel suivi de mes commentaires apparaissant comme des notes en bas de page.

    JP April

    « (…) Quant à Jean-Pierre April, il définit ce qui est littéraire comme étant le lieu « où le JE existentiel de l'auteur est déterminant, et souvent transparent ». La vision actuelle de l'avenir est, selon April, purement binaire [1] — partagée entre la rêverie scientifico-stellaire et le cauchemar apocalyptique. Or, comme de « multiples formes d'apocalypse nous pendent au bout du nez », la science-fiction qui les ignore ne peut être que « porteuse d'une vaste illusion ». Ces définitions _pro domo_ lui permettent évidemment de présenter sa propre fiction comme évitant ces écueils afin de prétendre occuper seul [2] au Québec le créneau de la fiction littéraire soucieuse de l'avenir, tout comme Kessens nous présente la fiction de Geha en tant qu'incarnation d'une démarche novatrice de la SF mariant style et accessibilité.

    Ce n'est pas la première fois qu'April tente de se raccrocher à tout prix[3] au train en marche de la littérature générale. Mais plus il plaide pour la SF "New Wave" des années 60-80 [4] en citant Delany, Jouanne, etc [5] , plus il ressasse [6] la mort du progrès tué par le post-modernisme, plus il célèbre [7] le manifeste de la SF "Mundane" de Geoff Ryman et plus il caricature la science-fiction actuelle pour en faire une chasse gardée de sectateurs du space-opéra, plus il risque de verser dans le radotage. Je me contenterai de faire remarquer que même le _fandom [8]_ honni par April est loin de privilégier la science-fiction galactique ou spatiale. Si on examine les finalistes des Prix Hugo des cinq dernières années, on trouve grosso modo cinq romans de fantastique ou de fantasy, huit romans qui relèvent plus ou moins du space-opéra et quatorze romans qui relèvent de l'anticipation à plus ou moins court terme. (Certains romans, comme _Spin_ de Wilson ou _Eifelheim_ de Flynn, ne sont pas faciles à classer.) Non, ces quatorze romans [9] ne s'en tiennent pas à la ligne de parti [10] définie par April et, oui, ils abordent à l'occasion des thèmes comme la question de la pluralité des mondes (dans _Wake_ de Sawyer ou _Eifelheim_) que l'on peut rapprocher du space-opéra. Mais si on ne voit pas la rapport entre la pluralité des mondes, l'épuisement des ressources ou la nature de la conscience, par exemple, et l'avenir de notre monde [11], c'est qu'on devrait peut-être se poser en connaisseur et chantre d'une autre forme de littérature que la science-fiction [12].

    Jean-Louis Trudel »

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  17. Jean-Pierre April18 mars, 2011 08:43

    [1] Pourtant, je reconnais ou propose plusieurs autres voies.



    [2] Jamais je n’ai manifesté une telle prétention. Ce serait tellement ridicule!



    [3] Depuis 2006, j’ai publié cinq livres appartement nettement à la littérature générale, et considérés comme tel par les critiques. Pas besoin de faire des efforts pour me « raccrocher ». Mais peut-être Trudel considère-t-il que j’inscris ma SF dans la littérature plutôt que dans la paralittérature. Si je l’ai déjà dit, je l’ai oublié.



    [4] Je ne plaide aucunement pour cette SF britannique du passé, que je mentionne au passage, et que je n’ai guère pratiquée, sinon pas du tout.



    [5] Nulle part je ne cite ces auteurs, qui sont d’ailleurs étrangers à mon propos. Comment peut-on inventer une telle chose?



    [6] Je « ressasse » ? La seule fois où j’ai abordé ce sujet, c’est dans un essai de 1992 : « Post-SF : Du postmodernisme dans la science-fiction québécoise des années 80 », Imagine... n° 61, sept. 92.



    [7] Je « célèbre » ? Sûrement pas autant que certains fans québécois qui ont offert une place de choix à Ryman dans un congrès Boréal et dans les pages de Solaris. En fait, si tu lis correctement mon essai, tu verras plutôt que je suis critique envers ce manifeste venant d’un auteur qui ne considère même pas la SF comme de la littérature.


    [8] Tout le fandom? Tu généralises? ( Le fandom serait-il donc homogène? ) Comment expliquer alors que je publie dans une revue comme Brins d’éternité, pour qui j’ai le plus grand respect? Enfin, critiquer, ce n’est pas honnir. Mais le fandom peut-il accepter la critique?



    [9] Quatorze romans ? Et alors? Que peut-on prouver avec cet échantillon sélectif d’écrivains anglophones? Rien.

    Si par exemple on regardait plutôt la SF que publie Médiaspaul, on arriverait à une conclusion très différente. Dans le site de l’éditeur, on mentionne ceci : « Les principaux thèmes de la science-fiction sont le voyage interstellaire, le voyage temporel (…) ».



    [10] Quelle caricature! « La ligne de partie »? C’est toi qui le dis!

    En fait, je ne parle pas seulement des voyages spatio-temporels, j’évoque aussi l’inclusion de la fantasy ou de la magie dans la SF, et la pseudo-science, et l’anticipation sociale, et le steampunk et -- l’aurais-tu oublié? -- la SF mundane. Mais je ne m’étends pas sur des courants bien connus, et je termine le second volet de mon essai en présentant de nouveaux auteurs québécois qui ne connaissent pas le fandom et que le fandom ne lit pas. Pourtant, ils pratiquent des littératures de l’imaginaire fort novatrices et très bien considérées… dans le milieu de la littérature générale.



    [11] Si tu ne vois pas que je m’intéresse à l’avenir de notre monde, c’est vraiment que tu ne veux pas le voir ! Pour moi, l’avenir passe d’abord par le devenir. Tu le verras plus clairement dans le second volet de mon essai.

    Je ne peux parler de tout ce que je vois, surtout quand c’est étranger à mon sujet. Ce texte est un essai, j’y avance une thèse, ou une hypothèse personnelle ; ce n’est pas une analyse de toute la production actuelle. (J’attends plutôt que des spécialistes comme toi ou Sernine nous parlent un jour de la SFQ actuelle.) Enfin, je ne voulais pas radoter en présentant des thèmes bien connus de tous les amateurs de SF. Et tu devrais te réjouir que je n’ai pas du tout critiqué ce type de SF qui repose largement sur une spéculation scientifique rigoureuse, même si ça n’intéresse qu’un public très spécialisé, et donc limité.



    [12] « science-fiction ». Décidément, cette expression me paraît réductrice et dépassée. Dans la majorité des romans de SF, la science est réduite à des hypothèses farfelues, quand elle n’est pas contrée par des aspects qui relèvent de la magie ou de l’ignorance. Je préfère parler des « littératures de l’imaginaire », expression plus souple et inclusive, qui convient à tous les inventeurs d’univers littéraires.

    JP April

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